Il faut avouer que niveau découvertes de lectures, cette année, j'ai pas mal fait dans la fantasy. J'entame donc une série de chroniques sur les auteurs qui m'ont particulièrement marquée cette année. Et tout d'abord, il y a ...
- Neil Gaiman
Un jour, comme ça, j'étais dans un café, et j'ai croisé quelqu'un avec un livre à la main (oui, parfaitement, cet article commence par une anecdote personnelle). Quand quelqu'un lit un truc, c'est un réflexe maladif chez moi de chercher à savoir ce qu'il lit. En l'occurrence c'était Neverwhere de Neil Gaiman. J'ai donc abordé cette personne, et on a parlé Gaiman pendant une bonne heure.
Le livre qui m'a fait basculer |
J'étais plutôt hésitante face à l'idée de lire de la fantasy, à vrai dire. Je n'avais pas envie de dragons, d'elfes, et autres créatures déjà bien trop exploitées, et qui donne un pretexte aux écrivains contemporains pour se concentrer sur l'histoire sans développer leur style, alors même que l'histoire en soit est déjà bancale (Christopher Paolini, si jamais un jour tu passes par ici...) Quelle ne fut pas ma surprise quand je me suis retrouvée à dévorer Neverwhere, à me jeter sur la série télé dont avait été tiré le livre, puis sur l'adaptation radio de la BBC (avec Cumberbatch et Nathalie Dormer, c'était proche de l'orgasme auditif). Pas de nains, pas monde médievalico-chevaleresque, pas de héros, mais un voyage cruel dans le Londres d'en bas, et un surnaturel qui apparaît même logique. Un dépaysement agréable, drôle, mais aussi triste voire terrifiant. Pour faire court, un livre passionnant et fascinant, qui m'a rapidement donné envie d'en dévorer d'autres.
Je me suis jetée sur American Gods, considéré comme LE chef-d'oeuvre de Gaiman et qui sera bientôt adapté par HBO. L'idée est simple : et si tous les dieux monthéistes existaient ? Et s'ils étaient de vraies personnes, plutôt que des images mythiques inaccessibles ? Gaiman part de la définition des Etats-Unis comme terre d'accueil, une terre où les immigrants ont apporté leur culture, bien sûr, mais aussi leurs dieux. Il choisit de compléter l'intrigue principale (un anti-héros embrigadé malgré-lui dans une guerre des anciens dieux contre les nouveaux) par une multitude de récits imbriqués qui racontent comment les dieux, oubliés par les hommes, survivent en se fondant dans la société. Ca donne au roman un aspect presque sociologique que j'ai vraiment apprécié ; c'est par ce genre de procédés qu'on ressent le plaisir de raconter, et le livre renoue ainsi avec l'idée d'oralité liée aux mythes des dieux.
Ce que qui m'a touchée, c'est aussi l'aspect particulièrement humain de ces dieux, qui rejoint quelque part la définition des dieux chez les Anciens : un dieu n'est pas un être idéal, parfait et sans péché, comme dans les religions monothéistes. Ici, comme pour les Grecs et les Romains, le dieu est un enfoiré. Il ne pense qu'à son plaisir, et agit globalement comme un ado. Enfin, un ado calculateur et rusé, pour être juste ; et je pense que c'est aussi cet aspect de non-idéalisation qui a plu à HBO.
Le livre qui vous fera presque aimer les araignées. |
Après American Gods, Anansi Boys semble logique. On y retrouve des éléments qu'on a croisé auparavant, puisqu'Anansi est le dieu-araignée, ce que découvrent ses deux fils après sa mort. Ce roman est moins connu, et à mon sens moins juste émotionnellement et psychologiquement, par rapport au(x) choc(s) qu'avaient produit sur moi les deux romans précédents. Ca reste une belle découverte, à cause du style (étonnamment bien traduit d'ailleurs) de Gaiman qui rend le récit très vivant, et toujours drôle.
Exemple :
The bird turned, head tipped, suspiciously, on one side, and it stared at him with bright eyes.
"Say 'Nevermore,'" said Shadow.
"Fuck you," said the raven.”
(Traduction à l'arrache : "L'oiseau se tourna, la tête renversée d'un air suspicieux, sur un côté, et il le fixa de ses yeux brillants.
"Dit 'Jamais plus', dit Ombre.
- Va te faire foutre", répondit le corbeau.")
A un moment, wikipédia m'a informée que Gaiman écrivait aussi des livres pour enfants, et que c'était lui, l'auteur de Coraline, que j'avais découvert au cinéma, juste après mon oral de français de première. J'avais adoré, et ça reste un des films que je revois le plus souvent. C'est un livre pour enfant qui ne prend pas les enfants pour des cons, et je pense que tout l'intérêt (en plus du style extrêmement drôle et de l'histoire passionnante) est là. Preuve s'il en faut, le livre s'ouvre sur une citation de Chesterton : "Fairy tales are more than true : not because they tell us that dragons exist, but because they tell us that dragons can be beaten". (Trad : "Les contes de fées sont plus que vrais : pas parce qu'ils nous apprennent que les dragons existent, mais parce qu'ils nous enseignent que les dragons peuvent être battus").
Bien sûr, je ne parle pas de tout. Il y en a un certain nombre que je n'ai pas encore lus (notamment Fragile Things, un joli cadeau de Théo), et d'autres qui reprennent les caractéristiques principales que je viens de soulever (Stardust, par exemple, qui a été adapté en film il y a quelques années).
A suivre, Terry Pratchett et Douglas Adams, dès que j'aurai approfondi un peu plus le sujet.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire