Je commence à me souvenir que les cours peuvent n'être qu'une partie de la vie. Quelque chose d'un peu pénible où on apprend quelques trucs, mais pas l'endroit (ou le moment) où l'essentiel se produit.Ca va peut-être changer, mais pour le moment, je vis mes séminaires de fac plus comme des incitations à la culture. On veut meubler notre temps pour ne pas nous lâcher complètement dans la nature avec 50p à rendre dans 8 mois, c'est plutôt louable, mais les cours sont très superficiels et on nous demande plus de comprendre les mécanismes de création d'un sujet que d'approfondir. En théorie, je trouve l'idée bonne. En pratique, ça laisse deux tranches d'élèves de côté : ceux qui sont totalement largués et n'arrivent pas à comprendre le fonctionnement et l'intérêt de cette nouvelle forme de cours, donc qui décrochent (j'ai vu des gens dormir dès le premier cours), et ceux qui ont déjà intégré comment on fait pour monter un sujet, établir une problématique, et faire une bibliographie, et qui du coup s'ennuient un peu. Pour le moment, c'est dans cette catégorie que je me situe.
Les années de master recherche se concentrent vraiment sur un objet : le mémoire. CQFD. Le problème, c'est que c'est finalement trop évident pour une formation qui se targue de continuer à nous fournir une culture littéraire complète. Je l'ai montré dans le paragraphe précédent en ce qui concerne les séminaires : tout est une préparation au mémoire. C'est au niveau des cours qu'on voit l'intention des formateurs de continuer à nous donner une culture ; contrairement aux séminaires, les cours sont très généraux (l'auteur et sa fonction, l'objet), et brassent plusieurs siècles, c'est donc bien qu'on veut revenir aux bases des concepts littéraires pour palier les lacunes. Sauf que cette attention est très très peu valorisée face au mémoire, et est en cours magistral, c'est-à dire vite considéré comme non-obligatoire. De plus, les cours sont supprimés dès le deuxième semestre.
Là où on voit que le mémoire domine, c'est au niveau des coefficients : alors que toutes les matières sont coeff 1 (pour la méthodo ou les langues (!)) ou 2 (pour tout le reste, cours ou séminaires), le mémoire compte coeff 4 à la fin de la première année, 5 au semestre trois et 6 au semestre quatre. Je ne dis pas que la valeur du mémoire est surévaluée, puisqu'il est l'achèvement de notre mention "recherche", je souligne juste le déséquilibre entre ce que voudrait nous apporter la spécialité par rapport à ce qui se passe en réalité.
My point being : ce qui compte en recherche, c'est ce qu'on fait en dehors et que l'emploi du temps n'est là que pour fournir une aide pour en comprendre la démarche. Et ça ouvre des perspectives nouvelles, je trouve. Déjà, je me sens plus occupée avec mon emploi du temps libre qu'avec mes 50h de travail hebdomadaire en khâgne. Parce que je prends le temps de sortir, de m'enrichir autrement qu'en lisant douze bouquins par semaine, mais aussi parce qu'il faut trouver du travail, passer du temps en bibliothèque, ou tout simplement pour faire du sport. Pour la faire courte, j'ai l'impression de toujours faire deux choses à la fois, de passer mon temps à courir... Et j'adore ça. Ce sentiment d'épanouissement culturel est un complément de ce que je voulais en rêvant d'aller en prépa. En terminale, j'étais obsédée par l'envie de passer tout mon temps à apprendre des milliards de choses. Maintenant, j'ai le temps d'affiner ce que j'aime, et surtout de choisir. Si je veux, je peux passer énormément de temps dans les bouquins, passer mes journées libres à la B.U. Mais je peux aussi choisir d'aller suivre des cours au Collège de France, d'aller voir des expos, de lire des livres pour moi... Et ne pas être larguée pour mon mémoire ou pour mes cours.
J'apprécie de ne pas être stressée continuellement par le fait d'avoir des devoirs à rendre. Je reste sous le choc que ça me fasse plaisir de ficher des bouquins. Et je vais suivre des conférences, le soir et le week end, parce que j'aime ça. Soit je suis libérée d'un truc, soit je deviens complètement barge. ^^
P.S : Seul accroc dans ce monde de rêve et de détente studieuse : je n'arrive pas à lire ; je bloque. Peut-être juste besoin d'une pause...
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